• La première des quatre journées en boucle autour d’Erfoud offrait les premières dunes de la 26e édition du Rallye du Maroc, lors d’une étape 2 de 394 kilomètres (dont 307 de spéciale).
  • À moto, Tosha Schareina (Monster Energy Honda HRC) s’impose devant son coéquipier Ricky Brabec. Troisième, Daniel Sanders (Red Bull KTM Factory Racing) reste leader du général pour seulement 43 ». En Rally2, Michael Docherty (BAS World KTM) gagne devant l’officiel KTM Edgar Canet qui ne compte plus que 5’08 » d’avance sur le Sud-Africain au général.
  • En autos, Nasser Al Attiyah (The Dacia Sandriders) remporte l’étape devant Nani Roma (Ford M-Sport). L’Espagnol est le nouveau leader de la course devant Lucas Moraes (Toyota Gazoo Racing W2RC). Ses coéquipiers Henk Lategan et Seth Quintero perdent gros.
  • En Challenger, SSV et Camions, Puck Klaassen (G Rally), « Chaleco » Lopez (Can-Am Factory) et Gert Huzink (Kuipers-Jongbloed Hybrid Dakar) sont les vainqueurs de leur catégorie.
  • L’étape 3 se disputera demain sur 326 km, dont 323 de spéciale, avec les dunes de Merzouga à nouveau au programme. À suivre sur le Race Center à partir de 07h15 (UTC +1).

EN PISTE

Chez les motos, les battus d’hier sont les gagnants d’aujourd’hui. Quatrième de l’étape 1, Schareina a pris l’ascendant sur Sanders dans le premier franchissement des dunes de Merzouga. L’Australien, ouvreur de la spéciale, s’y est fait surprendre (voir Déclarations). L’officiel Honda l’emporte ce mardi devant son coéquipier Brabec (+2’22 ») et Sanders (+3’45 »). Le vainqueur du Rallye du Maroc 2024 conserve la tête du classement général, mais pour seulement 43 ». Trois pilotes se sont ainsi illustrés depuis Fès (voir Chiffre du jour).

En Rally2, Docherty, qui avait remporté le prologue, s’impose à nouveau. Le spécialiste des dunes qui réside à Dubaï devance un autre pilote privé, Konrad Dabrowski (Duust Rally, +2’34 »), et Tobias Ebster (Hero MotoSports, +2’56 »). Quatrième, Canet perd aujourd’hui 3’16 » sur Docherty, mais il possède encore 5’08 » d’avance au général. En Rally3, Noa Sainct (Nomade Racing) se dirigeait vers une nette victoire face à Thomas Zoldos (Aub’Moto) avant fondre sa mousse à une poignée de kilomètres de l’arrivée, et d’être contraint à manquer 2 waypoints. Sainct a reçu 1h15′ de pénalité et se retrouve 2e du général à 1h26’24 ».

En autos, Nasser Al Attiyah, qui avait perdu plus de 10 minutes hier en réparant son train avant, remporte sa 2e victoire après le prologue (voir Chiffre du jour). Parti en 20e position dans la spéciale, le Qatarien a battu un excellent Nani Roma (+1’30 ») qui pouvait imiter son compatriote Schareina à moto. L’Espagnol se réconforte en s’emparant du classement général, passant de la 4e à la 1ère place, occupée ce matin par Sébastien Loeb (The Dacia Sandriders). Le Français (+4’03 ») et Mattias Ekström (Ford M-Sport, +3’42 ») quittent le podium du général. Seul Lucas Moraes (2e, +47 ») s’y maintient. Le Brésilien est l’homme fort du contingent des Hilux avec Joao Ferreira (Toyota Gazoo Racing, 3e à 3’02 »).

Après Al Attiyah hier, c’est cette fois au tour des coéquipiers de MoraesSeth Quintero et Henk Lategan, de réaliser la mauvaise opération du jour. L’Américain, qui avait le 3e temps en piste en abordant les dunes de Merzouga, a été contraint de rejoindre le bivouac par la route pour réparer son pick-up. L’équipage Sud-Africain, qui était 5e, a dû finir avec deux roues motrices (voir Déclarations), laissant filer 1h10’26 » à l’arrivée. Cinquième du général ce matin, Lategan, qui joue ici le titre de champion du monde face à Al Attiyah et Moraes, ne gardera pas un bon souvenir de sa première fois à Merzouga (voir W2RC). Le vainqueur du jour revient lui à la 7e position du général à 10’26 », contre 12’40 » ce matin.

En Challenger, Puck Klaassen est la première féminine à s’imposer cette semaine. La Néerlandaise devance Abdulaziz Al Kuwari (QQMF Racing) ; son coéquipier Khalifa Al Attiyah a mené jusqu’à connaître un arrêt forcé à 6 km de l’arrivée. Au général, Yasir Seaidan (Race World – MMP) vainqueur hier, conserve l’avantage devant Charles Munster (BBR Motorsport, +2’11 ») et son coéquipier Pau Navarro (+6’17 »). En SSV, triplé du clan Can-Am Factory avec « Chaleco » Lopez devant Jeremias Ferioli (+3’21 ») et Hunter Miller (13’42 »). Au général, deux officiels Can-Am, Ferioli et Miller (+5’50 »), dominent devant Alexandre Pinto (Old Friends Rally, +12’41 »). En Camions, Gert Huzink met fin à la série de Martin Macik (MM Technology, +1’25 »), invaincu depuis le prologue 2024 ! Le Tchèque garde cependant la tête du classement général.

RADIO BIVOUAC : UNE COURSE CONTRE LA MONTRE

Martin Camp est arrivé au Royaume-Uni en provenance d’Afrique du Sud et a épousé une Anglaise. Pendant son séjour là-bas, il a remporté le championnat britannique d’enduro. Ils ont ensuite déménagé en Arabie Saoudite, où il s’est pris de passion pour la conduite dans les dunes. Il s’était inscrit au Dakar il y a 22 ans, mais a dû se retirer lorsqu’un sponsor l’avait laissé tomber. Pour surmonter sa déception, il a remporté la Baja 1000 dans la catégorie 40 Pro. Vous l’avez compris, Martin aime rouler à moto et relever des défis. La vie l’a empêché de retenter le Dakar jusqu’à l’année dernière, où il a décidé qu’il était temps de cocher cette case. C’est alors qu’a commencé sa course contre la montre, quand il a vu qu’une limite d’âge avait été ajoutée au règlement et qu’il devait soit participer en 2026, soit ne jamais le faire. Heureusement, le South African Safari Rally est devenu une manche du W2RC en 2025 et il lui suffisait de le terminer pour se qualifier.

Tout se déroulait comme prévu jusqu’à ce qu’il ait un accident à 8 kilomètres de l’arrivée de l’avant-dernière étape. Le plan B, et la toute dernière chance de Martin de se qualifier pour le Dakar 2026, est le Rallye du Maroc. Il a commandé une nouvelle Kove pour l’occasion, mais celle-ci a été expédiée au mauvais port. Sa seule solution était de contacter le directeur de DHL Afrique du Sud et de le persuader d’expédier sa moto d’entraînement par vol régulier au Maroc. Martin a passé les vérifications techniques et pensait que ses problèmes étaient terminés. Mais aujourd’hui, sa batterie est tombée en panne dans les dunes. Par miracle, un concurrent lui a donné un coup de pouce et il a réussi à terminer. Martin n’est pas du genre à abandonner et on a le sentiment qu’il va finir cette course quoi qu’il arrive.

CHIFFRE DU JOUR : 3

Prologue, étape 1, étape 2 : les Dacia Sandriders ont pour l’instant tout gagné avec Nasser Al Attiyah et Sébastien LoebTrois victoires d’affilée, c’est une grande première pour l’équipe, qui fête les un an de ses grands débuts ici-même. À moto, Tosha Schareina est le 3e vainqueur différent de la semaine après Ricky Brabec et Daniel Sanders. Gagner l’étape 3 du Rallye du Maroc, c’est la 3e fois que cela arrive à l’Espagnol, après 2023 et 2024. Deux éditions durant lesquelles il s’était chaque fois imposé à 3 reprises… mais sans l’emporter à la fin. En SSV, le Top 3 du jour revient à 3 membres du Can-Am Factory Team.

LE RALLYE DU MAROC ET MOI

Juan Castor Fernandez Olle (Team manager de l’équipe Xraids Experience, 9 motards au départ)

Mon premier Rallye du Maroc : « C’était à l’époque du Rallye de l’Atlas. L’année ? Je ne m’en souviens plus ! Pour le Rallye du Maroc en tant que tel, cela remonte à 2005 avec une BMW 650 GS de 240 kilos, la plus lourde de la caravane. J’étais alors pilote et je suis venu d’Espagne en camionnette avec des amis pour me préparer pour le Dakar 2006. »

Mon dernier Rallye du Maroc : « L’année dernière, cette fois en tant que team manager de l’équipe Xraids Experience. Elle a été créée en 2004, mais notre première véritable année en tant qu’équipe de course fut 2008. Avoir beaucoup de pilotes aujourd’hui est une grande motivation à continuer, parce qu’on a travaillé pour ça pendant 20 ans. Ce qui est le plus stressant entre pilote et team manager ? Team manager, c’est certain ! »

W2RC : CHAMBOULEMENT DANS LA COURSE AU TITRE

Nasser Al Attiyah n’avait pris aucun point d’étape hier (20e). Sa victoire du jour en ajoute 5 à son total au championnat FIA, contre 3 pour Lucas Moraes. Le Qatarien retrouve ainsi une avance de 9 points sur le Brésilien. Mais surtout : les déboires de Henk Lategan le relèguent à la 30e place du général. Le Sud-Africain n’est pas mathématiquement éliminé de la lutte pour le titre, mais celle-ci devrait désormais se résumer à un duel entre Al Attiyah et Moraes. Le triple champion du monde est remonté au 7e rang du Rallye du Maroc, 5 places derrière le Brésilien. À ce tableau aussi, chaque point – et donc chaque position – comptera dans la quête du sacre mondial.

L’ETAPE DE DEMAIN VUE PAR MARC COMA

99 % chrono : « Le départ se fera à 4 kilomètres du bivouac et l’arrivée sera jugée à ses portes. C’est une étape en deux parties, avec d’abord quelques sections techniques dans lesquelles, comme la veille, il faudra préserver sa machine, avant d’entrer dans les dunes de Merzouga. Ensuite, la navigation va s’intensifier entre sol noir et terrain sablonneux. La remontée au bivouac sera plus rapide. »

DÉCLARATIONS

Nasser Al Attiyah (The Dacia Sandriders) : « L’étape était vraiment difficile. Nous sommes partis de l’arrière. Nous avons rattrapé Yazeed (Al Rajhi) très rapidement, je ne sais pas ce qui lui est arrivé, puis nous avons repris deux autres voitures. Soudain, dans un petit oued, une pilote était tombée et bloquait la piste. Nous sommes sortis de la voiture pour l’aider, elle était très fatiguée. Nous avons perdu un peu de temps que nous avons essayé de rattraper, puis nous avons accéléré. C’est bien d’avoir gagné. Hier, nous avons perdu 12 minutes, aujourd’hui nous avons repris un peu de temps. C’est ça le Rallye du Maroc, et tout reste encore à jouer. »

Nani Roma (Ford M-Sport) : « C’était bien mais pas facile. Je m’attendais à moins de soleil et moins de dunes. Au début, c’était un peu délicat dans les oueds. Mais nous avons essayé de ne pas faire d’erreurs, de rester calmes, et la voiture était vraiment fantastique. Nous sommes heureux d’être ici ce soir, et heureux d’être en tête du rallye. Bien sûr, c’est toujours bien de remporter l’étape, mais avoir Nasser pour ouvrir demain n’est pas mal non plus. »

Henk Lategan (Toyota Gazoo Racing W2RC) : « Tout se passait bien au début, puis notre différentiel arrière a commencé à faire des siennes avant de lâcher complètement juste avant l’une des grandes sections de dunes. Nous nous sommes immédiatement arrêtés pour l’inspecter, mais nous n’avions évidemment pas de pièce de rechange. Nous avons donc dégonflé les pneus et essayé de trouver un passage à travers toutes les différentes sections de dunes. Évidemment, nous ne pouvions pas franchir les plus grandes avec une voiture qui pèse 2 tonnes et qui n’est équipée que d’une traction avant. Ce fut un cauchemar et nous avons perdu une heure, mais nous sommes arrivés, même si nous sommes évidemment hors de la course à la victoire. »

Édouard Boulanger (The Dacia Sandriders) : « Une bonne journée pour nous. Nous avons ouvert toute l’étape. Personne ne nous a rattrapés, même lorsque nous avons crevé. On ne peut pas faire mieux quand on ouvre, et nous sommes toujours en lice pour la victoire. »

Tosha Schareina (Monster Energy Honda HRC) : « C’est nettement mieux qu’hier. Première et deuxième places pour l’équipe, c’est positif. Mais la journée n’a pas été facile, avec des portions rapides dans les dunes et une dernière partie sans visibilité. Demain, j’aurai la difficile mission d’ouvrir la spéciale. Je vais perdre peut-être un peu de temps, mais je vais essayer de mener toute la journée et de prendre les bonus. »

Daniel Sanders (Red Bull KTM Factory Racing) : « J’ai très bien commencé, je me suis beaucoup amusé pendant environ 180 kilomètres. Puis nous sommes arrivés dans les grandes dunes de Merzouga et il était très difficile de voir le relief. J’ai heurté assez violemment de l’herbe à chameaux et je me suis cogné la poitrine contre la tour de navigation, me mordant la langue. Je n’ai pas chuté mais l’airbag s’est déclenché et m’a sauvé. J’ai ensuite essayé de survivre le reste de la journée, mais j’ai commis quelques erreurs de navigation vers la fin. Les dernières dunes étaient horribles, on ne voyait rien avec le soleil. Je suis très heureux d’avoir franchi l’arrivée. »

Michael Docherty (BAS World KTM) : « Une très bonne journée. L’étape était très sympa, avec beaucoup de terrains différents, des rythmes variés et bien sûr quelques dunes, ce qui m’a fait très plaisir. J’ai commis une grosse erreur dans les 100 premiers kilomètres et j’ai perdu beaucoup de temps à cet endroit. J’attends avec impatience la prochaine étape et j’espère qu’il y aura encore plus de dunes. »

Edgar Canet (Red Bull KTM Factory Racing) : « La navigation était très difficile et, après le ravitaillement, nous étions déjà épuisés mentalement. Après cela, je me suis senti un peu malade, il faisait très chaud, mais je ne pouvais pas boire d’eau, car sinon j’aurais tout vomi. Mais je suis content de ma position. Demain nous partirons plus loin derrière, donc je suis satisfait. Le Dakar est dans deux mois et je dois y arriver en toute sécurité. Luciano [Benavides] a eu un gros accident hier et je dois aussi penser à cela. »